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Palombe et Tradition - n°69 - HIVER 2020
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SOMMAIRE

4    L’écho des Cabanes…
8    Dossier - Migration 2020
    8 - Une saison, hélas, à oublier
  18 - Cols Pyrénéens : 1,9 million d’oiseaux en trois jours
  20 - La palombe devient du jour au lendemain gibier «nuisible»!
22 - Ma belle chasse, que vas-tu devenir ?
24 - Italie : Une Saint Luc comme chez nous
26    Dossier - Les paloumayres racontent leur migration...
31    Palomb’en BD
32    Le calendrier 2021
34    L’Anecdote du paloumayre
35    Dossier - Les paloumayres racontent leur migration... (Suite)
42    Mémoires de paloumayres - Jean-Louis, Patrick et Laurent, les «caïds» de la Grande Borde
44    munitions - Bourre grasse ou à jupe ?
46    Autour d’elles... - Les volants de cabane
50    Anecdote - Le papi au porto
52    Chiens - L’art de vivre avec son compagnon de chasse
54    « La Tête dans le ciel... » - Premier coup de filet
58    Les recettes du paloumayre

EDITO

Ma chère bleue

Palombe ô belle palombe, toi qui était attendue fébrilement par toute une région. Toi qui rythmais notre vie de  paloumayres de septembre à novembre, qui mettais au ralenti des villages entiers, et qui fermais des entreprises pour cause de… « chasse à la palombe », qu’es-tu en train de devenir ?
Autrefois boudée par certaines régions, considérée souvent comme modeste sauve-bredouille, tu es devenue aujourd’hui le petit gibier N°1 dans notre pays. Cette première place, tu la dois d’abord à ton opportunisme. Tu évolues, tu t’adaptes et ta population est sans cesse grandissante. Tu la dois aussi au fait qu’il n’y a plus que toi ou presque à chasser sans pratiquement aucune restriction.
Mais être en haut du podium présente quelques inconvénients. C’est ainsi qu’en certains endroits, tu es devenue nuisible, non pardon, ESOD (Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts), les bien pensants en ont décidé ainsi. « Pas dans le berceau de la chasse traditionnelle ? », me dirais-tu! Et bien si, même dans des régions où  tu étais vénérée autrefois.
C’est vrai, c’est  un peu de ta faute. Tu ne fais plus systématiquement les grands voyages qui te conduisaient du centre ou de l’ouest de l’Europe à la péninsule ibérique où tu passais l’hiver à te gaver de glands dans la dehesa  espagnole et les montados portugais. Normal, les glands y sont désormais réservés aux cochons et les chasses commerciales qui ont fleuri t’ont réduite au rang de vulgaire plateau de ball-trap. Alors, tu aimes bien rester chez nous où tu occasionnes effectivement quelques dégâts sur les cultures. Ce que certains jardiniers appelleraient « la part des anges », mais il ne s’agit pas de simples potagers et rares sont ceux aujourd’hui qui supportent le moindre coup de bec dans un champ. Alors tu deviens ESOD, quel vilain nom...
Mais ne t’inquiète pas, normalement tout est bien encadré. On ne peut te détruire que pendant une période limitée, les dégâts sur les cultures doivent être avérés et contrôlés, on doit d’abord  essayer par tous les moyens de t‘effrayer. Cela n’a rien à voir avec ta chasse traditionnelle qui nous sert à te tromper avec des ruses de Sioux. Non, il est  interdit d’utiliser des appelants et celles de tes sœurs qui succombent doivent être abandonnées sur place... Imagine la honte pour nous qui t’aimons tant.
Mais en cette année maudite où après avoir été confinés une première fois en pleine préparation du poste de chasse, nous l’avons été à nouveau alors que tu étais en train de déferler sur nos contrées. Alors que fallait-il faire ? Beaucoup ont aussitôt déposé les armes et ont rangé leurs appelants, considérant que c’était leur devoir de citoyen de respecter des règles sanitaires susceptibles d’aider à enrayer la pandémie. 
Certains autres ont décrété que leur passion pour toi était bien plus importante que toute autre considération, bien plus que la fermeture des commerces entraînant parfois une baisse de rideau définitive ou tout simplement que la solidarité nationale. Et ce avec la complicité de leurs   fédérations départementales, profitant du manque de  directives claires de leur ministère et de la  fédération nationale et d’un consensus à minima au niveau régional. Ainsi en un tour de passe-passe tu es devenue nuisible en pleine migration ! Un comble ! D’autant que cette fois il n’y avait même plus de règle, ta chasse était ouverte, ta vente aussi, pour preuve les petites annonces qui se mirent à fleurir sur un célèbre site où d’habitude on vend plutôt sa vieille gazinière. Quel  dégoût.
Et ces comportements risquent de laisser des traces. Ils divisent déjà un monde où nous pensions être tous unis pour défendre une tradition et notre passion. Quelle image voulons-nous donner de notre chasse au grand public ? Comment la défendre auprès de nos détracteurs si nous agissons anarchiquement en nous moquant des règles établies ? En invoquant la liberté de chacun, et l’investissement que demande notre loisir ? Ces excuses ne tiennent pas la route. Heureusement, les palombes, elles, reprendront la leur l’automne prochain, dans un monde débarrassé d’un virus qui empoisonne notre vie,  nous l’espérons. Comme nous voulons croire que la raison prévaudra et que la famille des vrais « palous » resserrera les rangs pour rendre à notre chasse son éthique et nous permettre de partager de nouveau notre bonheur d’être paloumayre.

​Joël Barberin, Directeur de la publication

 

 
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